Par Obanex FRANÇOIS
Le bon vieux temps s'en va. Il ne reviendra pas sûrement. Le mois de décembre qui jadis inspirait les gens à se réconcilier, à partager, à s’aimer… depuis quelques années a perdu son charme d’antan. Ce mois a perdu la magie qui faisait son essence au point qu'il s'étale du long de ses jours d'une façon singulière.
Décembre est ce mois où les citoyens se regroupaient pour nettoyer leurs quartiers, les petits commerces de fanal et de jouets pour enfants se multipliaient, les mélodies de Noël carillonnaient dans chaque coin de rue, les guirlandes et de toutes les couleurs scintillaient de mille feux, les fanaux reproduisant de magnifiques architectures se voyaient partout.
Ce mois où tous les rêves semblaient pouvoir se réaliser, où des liens d’amitié se tissaient, occasionnés par de nombreuses sorties entre amis. Les magasins étaient décorés aux vives couleurs de Noël.
Les Haïtiens de partout s’empressaient de rentrer au pays. La joie scintillait dans chaque regard, l’amour et la fraternité guidaient chacune de nos actions. C’était le moment de recroiser ce vieil ami qu’on a pas vu depuis des lustres. Une bonne poignée de main, un apaisant câlin et tout redevient comme si on s’était jamais séparé. Décembre, c’est aussi cette période magique où certains tombaient amoureux et d’autres qui profitaient de la magie de Noël pour sceller leur union. Dans mon lointain souvenir demeure encore l’échange des cadeaux entre amis, mes grands-parents me racontant leur noël d’antan, les pétards qui, à chaque fois, scandalisaient les quartiers et rappelaient sans cesse qu’il s’agissait d’une période de festivité.
Un sentiment fort désagréable m’enveloppe en écrivant ce texte. Aucun signe pour annoncer les tendres souvenirs précités. A chaque fin d’année on s’enfonce encore plus dans le gouffre. Une funeste monotonie s’est confortablement installée sur le fauteuil de décembre, laissant à chacun un goût âcre sur les lèvres. Le paradis terrestre qu’on connaissait s’est esquivé et a fait place à un pays où sévissent la débauche politique, la violence sans merci et le crime organisé. Toutes nos valeurs semblent s’effriter, plus rien ne paraît avoir de l’importance, pas même l’esprit de Noël qui nous ravivait naguère
Hélas ! Cette période appartient à la mémoire du passé et s’ajuste aisément dans la catégorie nostalgie. Ce temps reviendra à coup sûr, peut-être pas assez tôt pour que j’en sois témoin. Haïti brisera ses chaînes et retrouvera sa splendeur d’antan alors Noël renaîtra dans nos cœurs.
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