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Les chroniques d'Altaïr Épisode II


Ma promotion est un grand mélange d'austérité. Il y a encore la basse classe qui se démarque littéralement de la haute classe. Comme dans ELITE, une série télévisée de Netflix, un mur d'indifférence délimite les élèves.

Nous avons vu naître deux groupes du côté des garçons. Il est question du Cercle des Trois dont je suis membre. Ce groupe compte trois membres comme son nom l'indique. Nous sommes les trois meilleurs amis du monde. Studieux, appliqués, nous avons vite fait de nous faire remarquer. Inséparables, nous sommes tout le temps ensemble. Il est bruit qu'on parle de nous dans toutes les sphères de l'école. D'un autre côté, surgit le Groupe Majoritaire, impressionnant de par son nombre. Hormis les membres du Cercle des Trois, il regroupe la totalité des garçons. Ses membres ne sont pas trop branchés école,livres, plumes. Ils croient que la vie est un long fleuve tranquille où ils peuvent s'adonner nonchalamment aux baignades. Bien imbus de cette conception, ils ne viennent qu'à l'école pour rencontrer de jolies demoiselles capables de vous faire perdre la tête et de damner l'âme la plus noble. C'est notoire, mon école passe pour avoir la plus belle pépinière de jolies filles. Les représentants du Groupe Majoritaire dirigent et décident de tout. Ils nous tiennent toujours en leur ligne de mire, nous considérant comme des adversaires. Allez savoir pourquoi.

Quant à elles, les filles se morcèlent. Tantôt, elles sont ensemble. Tantôt, une querelle survient. À nouveau divisées. Elles forment de petits groupes pour ne les quitter plus tard. Je ne vous apprends rien sur les filles. Elles ont souvent la tête chaude.

Je n'aime pas trop parler de la vie que je mène à l'école. Il n'y a que, caché derrière ces lignes, à l'abri des regards que j'ose le faire sans crainte. L'expérience que j'y vis, loin de me dérouter, me pousse un peu plus loin sur le chemin et contribue à forger les traits de ma personnalité.

Parlant de personnalité, j'ai tout fait pour construire la mienne. J'ai tout fait pour être cet élève respectable et respectueux. J'ai bien forcé l'admiration des autres élèves de l'école. Même ceux du Groupe Majoritaire. Cependant, cela me peine qu'ils voient uniquement en moi un Diderot du temps moderne, c'est-à-dire quelqu'un qui apprend avec brio toutes les matières, qui citait avec passion les auteurs haïtiens ou français, qui traitait sans difficulté les fonctions logarithmiques tout en dissertant sur le revirement de Toussaint. Une encyclopédie ambulante !

A leurs yeux, je suis cette personne introvertie, orgueilleuse, égocentrique. Ah oui ! L'égocentrisme, voilà le premier pas vers le bonheur. Ils me reprochent de marcher haut le front et la tête altière, ne dédaignant jeter sur eux ne serait-ce qu'un regard de pitié. Pour avoir entendu leurs commentaires, je sais maintenant que je suis quelqu'un sans vie sociale, qui n'a de centre d'intérêt que l'école. Ils prétendent que je ne m'amuse pas et que j'ai toujours le nez fourré dans des ouvrages. Ils ont beau parler. Les racontars vont vite, ici. Sans savoir pourquoi, ils ne m'ont jamais pardonné ma façon d'être. Je ne leur ai causé aucun mal, pourtant. L'enfer, c'est les autres. Toutefois, mon égocentrisme si fièrement revendiqué n'a d'égal que ma générosité.

Corail, un nom qui en dit long. Un nom qui fait autorité. C'est le nom du nouveau directeur. Je l'ai vu un jour pour la première sur la cour de l'école durant les vacances. Je me suis demandé qui bien pourrait être ce gamin. Ce n'est que plus tard que je découvrirai toute la science qui habite ce bout de petit monsieur. Je le dépasse largement de taille. Quand il marche sur le bout de ses doigts, l'on pourrait le faire passer pour un lutin. Fort de caractère, il ne pardonne pas la moindre faute. Intransigeant, il fait travailler tout le monde. Minutieux, il s'assure que les devoirs de fin de semaine n'ont pas été rédigés à la lueur chancelante d'une bougie. Il nous pousse à bout tout en nous collant des *test-surprise*. Malheur à ceux qui rateront ce test. Il n'a pas que ce côté terrible. Il est cool, il rit comme le déversement d'une chute d'eau. Il encourage et aide à développer le talent qui sommeille en vous. En gros, un catylseur. Ce clair obscur, son dynamisme font de lui le meilleur directeur que l'école ait jamais connu.

La sortie des classes est prévue pour midi aujourd'hui. Je vérifie mon casier. Je n'ai rien oublié. Le son de cloche ne se fait pas attendre. Les autres élèves se bousculent. Moi, j'attends patiemment. Mes amis et moi, nous laissons l'école. Je rentre chez moi. A peine arrivé, je dépose mon sac. Je me jette sur mon lit. Contemplant, le plafond je repasse en revue la journée. Je remarque que j'ai appris bien des choses par moi-même. Je sais que maintenant l'attitude de la plupart des élèves vis-à-vis vis de moi porte un nom : le harcèlement. Après plus d'une décennie d'ignorance, j'ai découvert que le pantalon *kamouflay* est appelé ainsi pour sa couleur et non pour sa forme et ses poches. J'ai aussi compris que le système c'est le peuple écartelé entre le pouvoir et l'opposition. In fine, j'ai réalisé le dévoiement du sens de la médecine à vouloir créer l'humain avec un physique plus attrayant, n'hésitant pas à cisailler une personne bien portante pour la transformer.


Par Wislin Altaïr PREVIL, étudiant à la Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV)


©️UltiMag


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