Plus de 20 millions d’infectés, plus de 737 mille morts… il y aura quand même un après COVID-19 dans le monde. Impossible de ne pas être peiné quand on pense aux conséquences lugubres de cette pandémie. Mais, il n’est pas insensé d’envisager sa fin. Il y aura un après COVID-19.
Particulièrement en Haiti, en songeant à la malaria par exemple, on ne saurait en dire autant. Mais une chose est certaine, le temps d’après ce long « confinement » est imminent.
Partant de cet espoir, nous devons apporter quelques changements dans la vie d’après, pour essayer de la rendre meilleure.
Ces changements impliquent notamment une autre compréhension du concept de Responsabilité en Haïti.
Pour bien s’y prendre, il est important de bien comprendre ce dont on parle. Empruntons de ce fait cette très simple définition du professeur Dorléans:
« La responsabilité implique, en amont, une obligation de prendre des dispositions pour que quelque chose arrive(ou n’arrive pas) et, en aval, celle d’assumer les conséquences au cas où la chose qui devrait arriver n’arriverait pas ou encore arriverait celle qui ne devrait pas arriver[…] » (Henri M. Dorléans, Change toi toi même et change ton pays).
Avec cette définition, on comprend que le concept de Responsabilité concerne tout un chacun. Chaque personne peut avoir une Responsabilité à un niveau quelconque. Cependant, on a beau entendre des complaintes, à raison fort souvent, contre les Gouvernants Haitiens. On leur reproche leur manque de Responsabilité envers la population. En effet, elle était de faire d’Haïti un pays où la majorité des gens ont accès à (au moins) un minimum de bien-être. Le constat : le mal-être, le mal-vivre, la misère, la précarité… touchent terriblement la majorité des Haïtiens, ce qui nous rend tous très vulnérables notamment aux maladies très congieuses comme COVID-19.
Et si l’on s’attaquait à la population elle même! Selon le schéma classique de la Démocratie, les Gouvernants d’un pays émanent de sa société. Le peuple élit ses dirigeants. Dans ce cas, les dirigeants haïtiens ne sont-ils pas le résultat de notre passivité politique? Et, je me demande si notre pauvreté n’était pas aussi une conséquence de notre irresponsabilité en tant que citoyen.
Peu importe le degré de débat que ces questions susciteront, une chose est primordiale. À partir de cette vie post-confinement, chers concitoyens, commençons par être Responsables. Envers nous-mêmes, notre avenir, et aussi envers notre environnement.
Puisque nos dirigeants sont incapables de diminuer notre mal-être, voire de ne pas nous y enfoncer quasi-quotidiennement, de notre côté, attaquons-nous nous-mêmes à notre pauvreté.
Parmi les nombreux conseils qu’il faudra pour y parvenir, en voici deux(2) bien concrets:
Conseil no 1
Je m’adresse à toi. Oui, toi!
« Promets toi de ne pas enfanter, tant que ça n’a pas été inscrit dans le cadre d’un projet d’avenir. »
Un enfant, c’est en fait une Personne tu sais. Il a des besoins qui doivent être assouvis. Étant incapable d’exercer certains droits, il doit être sous la Responsabilité de quelqu’un -parent ou tuteurs. Ils doit être [bien]encadré. Suivant qu’il a été [bien] encadré ou pas, il sera source de « Gains Sociaux » –devenant un citoyen, producteur, utile à la communauté– ou source de « Coûts Sociaux » –quand il devient un sociopathe, un kidnappeur, un corrupteur, un corrompu, un bandit, un voleur… Ou du moins, il peut devenir un oisif, un passif ne se sentant nullement concerné par ce qui se passe dans la société, car il ignore l’importance de son implication sociale…
Le type de personne que cet enfant, ton enfant, deviendra dépend en grande partie de ton niveau de préparation pour l’accueillir et l’élever dans ce monde. C’est pourquoi, selon la Convention Internationale des Droits de L’enfant-UNICEF, en tant que parent, tu as des Devoirs envers tes enfants. Tu dois leur garantir la jouissance de leurs droits à une bonne Éducation, à une Alimentation (suffisante), aux loisirs, aux soins de santé, de vivre dans un espace salubre… En tant que géniteur, « tu as au premier chef, la responsabilité d’élever et d’assurer le développement de ton enfant » (art 18 de ladite Convention). Qui plus est, dans son 1e article, le décret du 8 décembre 1960 accentue en ce sens : "tous père et mère ou toute personne responsable de la formation d’un mineur ont pour obligation d’envoyer ce dernier à l’école" . Donc, la bonne intégration de tes enfants dans la société et surtout leur bien-être présent et futur dépend D’ABORD de toi.
Dans leur irresponsabilité, nos dirigeants n’ont pas encore pensé à élaborer une politique de natalité, malgré la situation d’explosion démographique dans laquelle nous sommes. Et évidemment, ils sont incapables d’aider les parents à prendre soin de leurs enfants, comme c’est dit dans la Convention Internationale des droits de l’enfant et dans nos lois. Mais toi, de grâce, sois Responsable, aie ta propre politique de natalité! Fais le pour toi, pour tes enfants et pour nous tous dans le pays.
Il est aussi devenu presqu’impossible de contrôler la propagation de la COVID-19 à cause de la promiscuité et de la forte densité de la zone métropolitaine. Avec plus de 34 200 personnes par km² à Port-au-Prince et des rues bondées même en temps de Coronavirus, par quel miracle les mesures barrières pouvent-elles être respectées? Avec cette misère qui gangrène le quotidien de plus de 6 haïtiens sur 10, quel est ce dieu qui pouvait imposer un confinement drastique à Port-au-Prince ou à Delmas?
Certainement, le manque d’une politique d’aménagement du territoire appropriée peut en être une cause, mais toi, aménage ta vie. N’ajoute pas à la quantité de gens miséreux dans le pays, sois Résponsable.
Ça ne te coûtera pas les yeux de la tête de te dire que "tu te dois -tu nous dois- d’avoir une activité professionnelle stable et suffisamment rémunératrice, une bonne compréhension des liens entre l’avenir d’un enfant et son éducation, des liens entre son éducation et ses impacts sur la société… avant d’enfanter".
Ce n’est plus une question de vie privée cher(e) ami(e). Dans un pays si pauvre qu’Haiti, où le taux de croissance démographique dépasse de loin le taux de croissance économique, chaque nouvelle naissance non contrôlée nous enfonce tous dans la misère. En fait, Le pays a de moins en moins de bouffe pour de plus en plus de bouches! Où est-ce que ça va nous amener ? La gangstérisation de notre territoire pourrait être une réponse à cette question… Alors ce que tu crois être ta vie privée est en réalité notre vie à tous.
Conseil no 2
Pour nous tous…
« Promettons nous de nous impliquer massivement dans le choix de nos dirigeants. »
Il est temps de ne plus laisser une minorité de gens parfois manipulés choisir pour nous tous. En 2011, au 2e tour des élections il y avait près 4,694,961 d’électeurs inscrits(CEP). BonDieu, mais seulement 1 061 089 ont pris part à ces élections (avec 336 747 voix pour Mirlande Manigat et Aucun candidat: 7,356), soit un taux de participation de moins de 23%. Seulement 716,986 (67.57% des votes) nous ont tous (environ 12 millions d’haïtiens) initié dans cette misérable et pathétique ère du PHTK. Qui pis est, seulement 590,927 d’électeurs ont enfoncé un gigantesque clou dans notre plaie en nous donnant « à tous » ce phénomène des promesses. « Mezanmi », sur plus de 5 millions d’électeurs inscrits, environ 21% ont participé au scrutin, et voilà où nous en sommes…
Cette majorité silencieuse dont on parle tous, plus de 75% restant n’ayant pas pris part aux élections de 2011 et 2016, levez-vous. Impliquez-vous au moins dans le choix de dirigeants compétents, sérieux ayant un passé de personne honnête. C’est un devoir civique de voter (art 52.1 de la constitution de 1987, point c). Prenez cette disposition pour que notre « demen miyò » arrive. Soyez donc Résponsables!
Éprouvons de la honte et du dégoût à l’égard de ceux-là qui nous dirigent actuellement. Des gens qui, sur les ondes ou en face de la population font des promesses, pourtant en coulisse, lorsqu’ils sont avec leurs amis, disent de notre Haïti qu’elle n’existe ni sur le papier ni dans le réel. Des dirigeants qui affirment que l’Etat n’est même pas capable d’entretenir régulièrement une motocyclette… Comment diable pouvons-nous accepter de telles effronteries ?
Soyons en conscients, si au moins nous avons massivement voté pour quelqu’un de sérieux, de visionnaire, de Responsable, de Capable (pour répéter Enomy Germain) nous serions plus fiers de regarder nos voisins dominicains en face. Levons-nous pour jouir de notre « droit de prendre part directement ou indirectement à la direction des affaires publiques de notre pays » (art. 21 de la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme). Soyons animés d’une saine colère, comme dirait L’abbé Pierre. Ne brûlons pas les commerces des pauvres gens lors des manifestations. Soyons Résponsables, impliquons nous massivement et citoyennement dans le choix de nos dirigeants et votons des hommes, de vrais.
On ne saurait le nier, les élections démocratiques doivent être libres, équitables, impartiales et pacifiques. C’est ce qui peut garantir une participation massive des citoyens. Ces conditions ne sont pas toujours réunies en Haïti(ou peut-être, ne le sont jamais). Mais, si on se laisse prendre dans ce piège et qu’on ne va pas voter, 10 ans plus tard on ne sera même pas aussi pitoyablement pauvre… Ce sera pire!
Comme le dit George D. Herron, « ce qui arrive à l’un d’entre nous arrivera tôt ou tard à nous tous. Nous avons toujours été inévitablement entraînés vers un destin commun[…] ». Tout compte fait, prends les dispositions nécessaires pour façonner ton avenir. En réalité, l’avenir de tout le pays en dépend indirectement. Si tu décides de t’émigrer, on te juge pas. Mais si tu es encore en Haïti, ne te fais pas complice de notre mal-vivre. Implique toi! Ce changement que tu attends, il doit commencer en toi. Donc, n’enfante pas hors d’un projet d’avenir! Participe activement dans le choix de tes dirigeants ! « Haïti mérite le meilleur de toi, de moi et de nous tous ».
Par : Carlyns JEAN FRANÇOIS
Comptable de formation ; étudiant finissant en Administration Publique à L'INAGHEI;
Hmiste en herbe.
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